samedi, avril 27 2024

Magnus Walker inspire de très nombreux Porschistes. Avec ses dreadlocks, sa barbe à la ZZ top, le bonnet de laine vissé sur la tête, ses tatouages et ses tenues (très) savamment négligées, Magnus Walker est bien loin des stéréotypes du passionné de Porsche. Mais il possède avant tout une collection de Porsche à nulle autre pareille. Qui est donc ce personnage ?

911, passionnément

L’amour de Magnus Walker pour les Porsche s’est manifesté sous la forme d’un coup de foudre alors qu’il était encore enfant. En 1977, il tombe face à face avec une 911 à rayures rouges et bleues au Earls Court Motor Show de Londres où il accompagnait son père. Cette voiture l’obsède au point d’en « tomber amoureux » selon ses dires.

Fan de James Hunt

Mais son quotidien d’adolescent à Sheffield en Angleterre ne lui permet pas de croiser beaucoup de voitures de sport. Ce qui ne l’empêche pas de devenir un passionné de compétition automobile. Assis devant le poste de télévision familial, il ne rate aucune retransmission de grands prix. Ses idoles ? James Hunt et les pilotes légendaires anglais

Magnus Walker

La 1ere Porsche

Le jeune Magnus comprend que la conduite est synonyme de liberté et d’expression individuelle. Mais l’univers de Sheffield ne correspond pas à l’univers que Magnus se fait de « rouler ». Ce qu’il veut, c’est émigrer aux Etats-Unis, à Los Angeles, où il pressent qu’il pourra réaliser ses rêves. Et il traverse l’océan avec un contrat d’animateur dans un camp de vacances. Quatre ans plus tard, en 1992, il achète sa première Porsche 911 pour 7.500 USD, ce qu’il considère comme un énorme succès sur le plan personnel.

Le rêve américain

Cette somme, Walker ne l’hérite pas d’une vieille tante ou de ses parents. Non, il va la gagner, seul. Parti de rien, il va vendre des fringues Punk sous le nom « Serious Clothing » à Venice Beach, avec son épouse Karen ce qui lui permet d’amasser un petit pécule. C’est là qu’il va façonner son style : il troque son look quelconque pour une barbe hirsute, des dreadlocks, des cheveux longs et de multiples tatouages. Un look qui ne passe pas inaperçu. « Si tout le monde aime ton look, c’est que tu fais fausse route » affirme-t-il.
Mais c’est dans un business terriblement conventionnel qu’il va faire fortune, avec son épouse : l’immobilier. Et les affaires tournent si bien que plusieurs dizaines de 911 viennent rejoindre la première. La plupart d’entre elles sont à restaurer. Mais petit à petit, avec beaucoup d’acharnement, de minutie et de goût, Magnus va les restaurer et les transformer en modèles uniques et surtout atypiques. Il se glisse dans la peau de Ferdinand Porsche qui disait, au sujet de la première 356 : « Je ne pouvais pas trouver la voiture de sport de mes rêves, alors je l’ai construite moi-même“

Magnus travaille sur sa Porsche

Des Porsche faites pour rouler

Le repaire de Magnus Walker est probablement la plus belle grotte du monde. Son QG basé à Los Angeles est un loft abritant une des plus étonnantes collections de Porsche qui compte une quarantaine de modèles.
Pour Magnus Walker, ses Porsche sont de véritables œuvres d’art, mais il n’est pas du genre à les ménager et à les mettre sous cloche. Non, « les Porsche sont faites pour rouler, martèle-t-il, au risque de les abîmer« . La passion de Walker pour les 911 est aussi une expression de son désir de savoir et pour comprendre l’évolution du modèle au fil des décennies. C’est selon lui la principale raison pour laquelle il ne revend jamais ses voitures. Il résume : « Porsche couvre tous les sens. C’est une conduite engageante, gratifiante et stimulante »

La 277, modèle fétiche

La voiture fétiche de Magnus Walker est un modèle atmosphérique des premiers millésimes. Sa 911 « 277 » est basée sur un modèle T de 1971, qui a reçu un bloc de 2,4 litres développant près de 180 chevaux. Elle dispose d’un autobloquant et d’une préparation pour la course. La particularité réside dans sa livrée : peinture blanche, pare-chocs bleus, capot rouge et divers stickers. On retrouve la livrée de son rêve d’enfant : une voiture blanche avec des rayures rouges et bleues

Magnus Walker affectionne les Porsche jusqu'à 1973

Urban Outlaw

Magnus a développé l’univers de l’Urban Outlaw (le « Hors-la-loi Urbain ») autour de ses créations. Un film éponyme, véritable ode au personnage et aux Porsche construites jusqu’à 1973 a été tourné en 2012. Ce film est aussi inclassable que passionnant et raconte la destinée du bonhomme depuis les rues de Sheffield dans l’Angleterre thatchérienne jusqu’à son arrivée à Los Angeles et la genèse de sa passion pour les Porsche. Un livre, du même nom, suivra en 2017, dans lequel il raconte non seulement son parcours atypique mais cherche également à être un guide de vie pour qui l’achètera. Ainsi, au travers de « principes », il propose à ses lecteurs les principes qui ont guidé son existence.

Principes que voici:

  • « Conduisez chaque jour comme une course, et si nécessaire, contre vous-même. »
  • « Si cela fait du bien, faites-le. »
  • « Ne faites affaire qu’avec des gens qui partagent votre passion »
  • Ultime loi d’Urban Outlaw: « Si vous ne vous embêtez pas avec la convention, tout est possible. »
Le loft de la collection

Une star adoubée par Porsche

Si jusqu’au début des années 2010, Magnus Walker était relativement peu connu, il a depuis multiplié les apparitions. Interviews, invitations dans de nombreuses émissions, guest lors d’événements Porsche, un film, une autobiographie… il est devenu une figure incontournable du monde Porschiste. Il dispose d’ailleurs dorénavant d’une page sur le site Porsche officiel présentant sa collection, comme étant « une des plus riches au monde« . Une postérité contrastée par rapport au jeune idéologue qu’il était tout jeune.

La collection de Magnus Walker

Controverses

Cependant, Walker a également été impliqué dans plusieurs controverses au fil des ans. Plusieurs observateurs ont accusé Walker d’être moins strict dans la réalité que dans ses propos, en ayant vendu plusieurs voitures à des prix exorbitants. Walker se défend en affirmant « c’est pour faire de la place à de nouvelles arrivantes ». D’autres ont critiqué son apologie de la conduite agressive et sa tendance à enfreindre les règles de la circulation. En 2015, Magnus Walker perd le contrôle de sa 911 fétiche, la « 277 », et encastre le côté gauche dans la remorque d’un poids-lourd en stationnement. Il la reconstruira à l’identique…
Enfin, beaucoup voient en lui un businessman avisé, champion du marketing branché, bien plus que le « hors-la-loi urbain » qu’il affirme être.

Quinquagénaire

Aujourd’hui, la barbe et les dreadlocks de Walker ont blanchis. L’homme s’approche de la soixantaine. Son épouse est décédée en 2015, le collectionneur admet être à la recherche de nouveaux objectifs et expériences de vie. Magnus Walker fréquente moins son garage ou les locaux de son entreprise : il se contente d’échanger avec ses collaborateurs chaque fois que nécessaire. « Je n’ai plus envie de développer mon business. Je veux découvrir des choses entièrement nouvelles. La grande question, c’est de savoir où notre route nous emmène », évoque Magnus Walker. La sienne semble déjà toute tracée : le collectionneur ambitionne de parcourir la mythique Panaméricaine au volant d’une 911…

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2 comments

  1. Magnus Walker est un type sincèrement passionné qui a bien senti ce qui se passait du coté des Porsche Classic, avec les mouvements 911 RennSport ou R-gruppe par exemple qui existaient avant lui.
    Il a bien flairé qu’une partie des passionnés de Porsche Classic accrocheraient bien plus à des concepts un peu « canaille » qu’au costard-cravate du dircom du musée de la marque. Son look « SDF » (appelons les choses telles qu’elles sont) c’était la clé pour faire parler de lui « Quoi ? Un clodo qui roule en Porsche ? ». Les bases du marketing sont bien là : capter l’attention à tout prix. Le reste est venu tout seul, avec une poignée de (belles) classiques. Ca n’enlève rien à la qualité de ses restaurations.

    C’est juste un peu dommage qu’il soit devenu un homme sandwich exhibé dans des télé-réalités pour signer des autographes

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